« Dans la forêt » de Jean Hegland

Voici le deuxième roman qui a rempli mes congés de fin d'année. Impossible de le lâcher.

La toile de fond est un effondrement de la civilisation dont l'auteur ne dit pas grand-chose, et qui se manifeste en particulier par la disparition d'un certain nombre de ressources tels que l'électricité, l'essence ou la nourriture disponible dans les magasins. L’attention se concentre sur deux soeurs, qui vivent seules dans la forêt après la disparition de leurs parents. La famille s'est installée depuis une vingtaine d'années dans une maison en bois dans la forêt. Outre un certain nombre d'équipements qui deviennent rapidement inutiles par manque d'énergie, elle contient un capharnaüm incroyable amassé par le père, en prévision de temps difficiles : outils, clous, semences, bocaux, vêtements et couvertures, mais aussi livres, CD… et un vieux fusil. La belle saison est consacrée au potager qui fournit l'essentiel de la nourriture. L'hiver se passe au coin du feu. Nell lit l'intégralité d'une encyclopédie en rêvant d'intégrer Harvard, tandis qu'Eva pratique la danse toute la journée avec pour seule musique, un métronome.

Elles vivent de plus en plus isolées, et sont entourées de nombreux dangers : des animaux sauvages, mais aussi des vagabonds. Dans le même temps, elles profitent des ressources inépuisables de la forêt.

Datant de 1996, ce roman initiatique a eu un parcours éditorial tout à fait unique. D'abord refusé par la quasi-totalité des éditeurs, la petite maison d’édition qui a décidé de tenter l'aventure a été ensuite submergée par le succès de sa diffusion.

Le contexte d'aujourd'hui donne un relief particulier à cette histoire d'effondrement. Mais l'essentiel est ailleurs. Il s'agit avant tout de l'histoire touchante de deux sœurs qui vivent isolées. C'est une ode au trésors d'imagination qu’est capable de mobiliser l'être humain pour assurer sa survie.